בס״ד

 

Avec l'aimable autorisation de Rav David SETTBON, extrait de son ouvrage 'Alé Hadas.

 

Téfilines

 
31.      Les juifs tunisiens ne pratiquent pas le mihag d’insérer les extrémités des lanières du téfiline chel roch sous la ceinture. Il faut d’ailleurs souligner que les sources de cette coutume sont exclusivement kabbalistique1. Il est vrai que cette habitude a par ailleurs un avantage purement pratique car elle permet d’éviter que les lanières du téfiline chel roch ne se retournent ; mais elle ne revêt pas pour autant un caractère obligatoire.
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1 Voir Kaf Ha’haïm (25,69) : le Ari zal et ses disciples recommandent d’insérer l’extrémité de la lanière gauche sous le bord supérieur de la ceinture, et l’extrémité de la lanière droite sous le bord inférieur de la ceinture. En réalité, ceci n’est approprié qu’à l’époque lointaine où on portait une large ceinture ( אבנט ) qui remontait jusque sous la poitrine. Les ceintures fines d’aujourd’hui que l’on rentre dans les passants du pantalon ne permettent pas de s’acquitter convenablement de cette recommandation des kabbalistes
 

34.     Lorsque l’on range les téfilines, il est de coutume de plier les lanières en forme dite « d’ailes de colombe » (kanfé yona) : les lanières des téfilines sont enroulées sur elles-mêmes de manière à former deux petites bobines qui rappellent la forme d’ailes de colombe. On dispose ensuite ces deux bobines sous les téfilines, avant de ranger le tout dans la pochette prévue à cet effet.

Les poskim1 ont vu dans cette coutume un rappel de cette célèbre histoire (Guémara Chabbat 49a) :

 Pourquoi surnomme-t-on Elich’a « l’homme aux ailes »(בעל  כנפים) ? Une fois, le royaume de Rome décréta que toute personne qui portait les téfilines serait mise à mort. Elich’a les portait quand même, et il sortait ainsi paré dans la rue. Un fonctionnaire romain le surprit ; Elich’a s’enfuit en courant, l’autre le poursuivit. Lorsqu’il le rattrapa, Elich’a retira ses téfilines et les conserva dans sa main. – « Qu’as-tu dans la main ? » demanda le fonctionnaire.- « Des ailes de colombe » répondit Elich’a . Il ouvrit la main et c’était bien des ailes de colombe. C’est pourquoi on surnomme Elich’a « l’homme aux ailes ».

Mais au-là de l’évocation de ce miracle dont bénéficia  Elich’a où les téfilines se transformèrent en ailes de colombe, la coutume répond aussi à ne exigence halakhique particulière. En effet, de nos jours, la plupart des fidèles enroulent les lanières des téfilines autour des boîtiers en plastique dans lesquels les téfilines sont rangés. Or ces boîtiers étaient autrefois inconnus, et il est interdit d’enrouler les lanières directement sur les téfilines eux-mêmes, car la sainteté des téfilines est supérieure à celle des lanières2. D’où la nécessité d’enrouler les lanières sur elles-mêmes et de les ranger sous les téfilines.

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1 Ritba ( commentaire sur Chabbat 49a), Maguène Avraham (28,4).
2 Cf. Kaf Ha’haïm 29,10.